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Interview – Vivre en yourte en famille
À la naissance de leur fille aînée, Jennifer et Thomas ont tout quitté pour se re-créer un mode de vie alternatif plus en accord avec leur valeurs. Vivre en yourte est aujourd’hui pour eux une façon de se rapprocher de la nature et de passer plus de temps en famille. Ils racontent leur cheminement, leurs difficultés mais surtout leurs plus grandes joies dans ce quotidien hors des sentiers battus.
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Jennifer, Thomas, bonjour et merci beaucoup d’avoir accepté cette interview ! Actuellement, vous avez un mode de vie assez éloigné des “standards”, ou en tout cas de ce que la plupart des parents de notre génération vivent au quotidien, et c’est pour cette raison que j’ai eu envie de recueillir votre témoignage pour inspirer d’autres personnes qui n’oseraient pas se lancer et montrer que c’est possible d’avoir une vie différente…
Jennifer et Thomas : Bonjour Chloé, merci à toi pour ce podcast. C’est avec plaisir qu’on va essayer de partager un petit bout de notre vie et de nos choix !
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Thomas : Je suis papa de deux grandes filles de 5 et 3 ans, et d’un petit nouveau qui arrive en septembre. Je suis passionné de tout ce qui touche au vivant et je suis producteur de kombucha.
Jennifer : Moi j’ai 32 ans, je suis maman à temps plein de mes petites louloutes, et en train de couver un nouveau petit caillou ! Pour l’instant je suis à 100% à la maison pour l’IEF (Instruction en Famille) et toute l’intendance de la vie de famille. Accessoirement, j’aide aussi un petit peu mon mari dans l’activité de la kombucha.
Aujourd’hui vous avez ce qu’on peut appeler un mode de vie “slow”, ou alternatif. Est-ce qu’avant, vous avez eu une vie un peu plus “normale” ou en tout cas plus dans les standards de la société actuelle ?
Jennifer : Oui on a eu cette vie-là, avant d’avoir notre premier enfant, Shiva. On était tous les 2 en CDI, sur le point de faire un crédit immobilier pour une maison, quand j’ai eu des gros soucis de santé. J’ai dû être en arrêt maladie prolongé, puis j’ai été licenciée pour inaptitude. Du coup, ça a remis en question le projet immobilier. Au début ça a été difficile, puis finalement ça s’est transformé en véritable chance pour nous. Donc moi j’ai arrêté ce CDI, qui était dans une grande surface en plus.
Thomas : Moi j’ai continué un petit peu mon travail en usine, où je travaillais depuis 10 ans. Pour ma part, c’est vraiment l’arrivée de ma fille qui a fait que je ne pouvais plus me soumettre à mes chefs en attendant une augmentation que je n’aurais sûrement encore pas vue aujourd’hui. Ce mode de vie ne nous correspondait plus. Donc j’ai tout plaqué et j’ai démissionné un mois après la naissance de Shiva. Après, j’ai fait un j’ai fait un peu d’intérim puis on a décidé de venir vivre dans la Drôme. Ce cheminement a pris environ 5 ans.
Le déclic à la naissance des enfants ou après une maladie, c’est quelque chose qu’on retrouve chez beaucoup de parents, et pour le coup, vous avez connu les deux en même temps, vous !
Jennifer : Oui, exactement, avec ma maladie et la naissance de notre fille, on s’est dit : “ce n’est pas possible de la faire garder toute la journée, de se dire qu’on ne va la voir que le soir et les week-ends”. Pour nous, si on choisissait de faire un enfant, on voulait pouvoir lui consacrer du temps, au moins les premières années de sa vie. Donc il fallait faire des choix en conséquence. On a remanié notre façon de travailler, nos projets économiques… Thomas fait un peu de maraîchage en plus de la kombucha quand on a besoin de plus d’argent. Mais au moins on est à 100% avec nos enfants et on avance vers nos projets de vie.
En fait, c’est un changement global qui a touché à tout plein de domaines de votre vie ! Est-ce que vous pouvez nous parler des autres aspects de votre vie qui ont changé à ce moment-là justement, notamment au niveau de la santé et de la parentalité ?
Jennifer : Du point de vue de la santé, à l’époque j’étais à fond dans la médecine classique, allopathique. Je suis allée voir plein de médecins, j’ai essayé plein de traitements différents qui n’ont absolument pas marché. Jusqu’au jour où j’ai voulu sortir de ça et où je me suis mise à chercher d’autres solutions. Je me suis tournée vers les médecines parallèles et l’hygiénisme. Thomas est passionné par ces sujets et a fait beaucoup de recherches. On est passés par un changement radical d’alimentation pour toute la famille : éviction des produits laitiers, du gluten, réduction du sucre, suppression des sucres raffinés… Et en fait ça m’a littéralement guérie ! Avec cette prise de conscience, la façon de soigner la famille a aussi beaucoup évolué. On se soigne beaucoup par les plantes, l’homéopathie, l’ostéopathie…
Tous ces choix ont demandé des “sacrifices”, qui n’en sont pas pour nous d’ailleurs, mais c’est bien de le savoir quand même parce qu’il y a des jours très compliqués, où le compte en banque, ça ne va pas du tout… On se dit qu’il va falloir qu’on reprenne un travail salarié… Avec notre activité indépendante qui débute tout juste, on n’a pas de salaire fixe et moins de sécurité financière. Mais c’est une transition, et on est heureux, complètement heureux quoi !
Donc le fait de changer de mode de vie vous a aussi obligés à revenir à des choses essentielles, à consommer moins et mieux ?
Jennifer : Oui complètement ! Chez nous le budget est consacré en priorité à la nourriture, c’est c’est notre principal poste de dépenses. On fait attention à la qualité de ce qu’on achète donc ça représente une très grosse part de notre petit budget. On a fait le choix d’avoir une seule voiture aussi, pour réduire les coûts. Et enfin, on a fait le choix de changer d’habitat, parce qu’être dans un logement avec un loyer qui coûte très cher devenait compliqué pour nous et on n’était pas épanouis non plus dans ce format là. Donc l’été dernier, on a choisi de construire une yourte pour y habiter, et ça nous laisse encore plus de liberté qu’avant sur nos choix de vie ! Vivre en yourte en famille nous a énormément rapprochés de la nature.
Cette vie en yourte, vous avez choisi de la construire au sein d’un collectif, qu’est-ce que ça vous apporte du coup ?
Jennifer : Il y a plein d’enfants à côté qui sont aussi en instruction en famille, c’est une belle richesse. On fait tous les jours l’apprentissage du tissage en commun, avec des familles qui n’ont pas toutes la même façon de faire. Ce n’est pas toujours facile mais c’est très riche ! On est pleins de gratitude. On n’est jamais seul, on évolue tous ensemble, on construit ensemble, les enfants jouent ensemble aussi. Mais nous avons chacun notre “chez-nous”, ce qui est important pour toutes les familles présentes ici
Vous parliez de l’instruction en famille, ça aussi c’est un choix qui est assez minoritaire, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur les raisons qui vous y ont poussés ?
Jennifer et Thomas : C’est un choix qui a maturé doucement entre la naissance de Shiva et le jour où elle aurait dû rentrer à l’école. On s’est posé beaucoup de questions, parce qu’on n’était pas contre l’école, mais pas forcément pour non plus. Disons qu’au début, on pensait qu’il n’y avait que l’école comme possibilité. Puis à force de chercher et d’ouvrir un peu les horizons, on s’est aperçu qu’il y avait une autre possibilité en France qui est l’instruction en famille. On avait un peu peur de se lancer parce que là où on vivait avant, à côté de Vienne, il n’a avait pas vraiment de réseau d’IEF. On avait un peu peur d’être tous seuls et de devoir faire beaucoup de route pour faire des rencontres. Puis à notre arrivée dans la Drôme, nous avons fait la connaissance de plein de gens qui pratiquent l’IEF. Il y a un très beau réseau ici. Cela nous a confortés dans notre choix de savoir que notre fille pourrait participer à plein d’activités, avec plein de copains non scolarisés.
La sociabilisation, c’est vrai que c’est quelque chose qui revient fréquemment sur la table quand on parle d’instruction en famille. Pour vous du coup, il n’y aucun souci de ce côté-là ?
Jennifer : Non, c’est drôle d’ailleurs, c’est plutôt nos enfants qui nous demandent de rester à la maison parfois parce qu’on fait trop de choses ! Après, ça dépend des enfants, avec l’aînée on va prolonger l’expérience parce que ça se passe super bien et qu’elle a certaines spécificités qui font que l’école n’est pas envisageable, ni pour elle ni pour nous. Pour sa sœur, on est plus en questionnement. Peut-être qu’on lui proposera un essai à l’école. On n’est pas du tout fermé, il y a des personnes formidables qui ont à cœur leur métier, et qui ont encore assez de liberté dans l’exercice de leurs fonctions pour proposer des choses merveilleuses aux enfants. Pour moi, la liberté d’enseignement, c’est la possibilité de choisir au cas par cas en fonction de l’enfant.
Quels sont pour vous les inconvénients de l’instruction en famille ?
Jennifer : Je dirais que certains jours on en a marre de voir nos enfants toute la journée et qu’eux aussi en ont marre de nous voir mais je pense que chaque parent peut avoir ce ressenti-là à un moment. Après, ce n’est pas facile chaque année de se soumettre au contrôle de l’inspection académique, de devoir justifier qu’on apprend bien des choses à nos enfants. Surtout qu’il y a une espèce d’inégalité : les autres enfants n’y sont pas du tout soumis. Il faut savoir s’organiser pour pouvoir travailler et composer au quotidien tous ensemble pour trouver un équilibre.
Thomas : C’est un mode de vie qui se construit autour de ça en fait. Ce n’est pas forcément fait pour tout le monde, mais le but c’est que chacun trouve ce qui lui convient.
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On a parlé tout à l’heure des problèmes d’ordre financier, est-ce que vous avez rencontré d’autres difficultés dans votre cheminement vers une vie plus simple ?
Jennifer et Thomas : Oui, on a eu parfois des difficultés avec nos familles, pour qui les enfants doivent être scolarisés, parce qu’on a toujours fait comme ça, qu’on doit avoir une maison à crédit, un CDI… C’est ce dont ils rêvaient pour nous ! Donc ça vient remettre beaucoup de choses en question. Mais c’est positif dans un sens parce que ça permet de se libérer de certains liens qui ne sont pas forcément toujours très bons. Mais par moment ça peut être un petit peu désagréable… Heureusement, depuis notre arrivée dans la Drôme il y a 3 ans, on a vraiment été entourés de personnes bienveillantes. Sans qu’elles vivent la même chose, elles sont dans l’ouverture d’esprit et la compréhension. Ça a été assez révélateur et transformateur pour nous de se dire que tout le monde n’était pas forcément d’accord avec nous mais sans être dans le jugement. Dans notre ancienne région, et avec notre entourage, parler d’allaitement long ou d’accouchement à domicile, c’était tabou !
Avoir fait le choix de vivre en yourte, c’est aussi se confronter aux municipalités anti habitat léger, donc c’est souvent plein de démarches un petit peu différente de celle qu’on connaît mais qui font partie du jeu.
On essaye de transformer chaque difficulté en opportunité. On se dit que chaque étape qu’on traverse dans notre vie nous permet d’avancer, même si sur le moment c’est désagréable.
Quelles sont vos plus grandes joies, qu’est-ce qui vous donne envie de poursuivre sur ce chemin ?
Thomas : Notre plus grande joie, c’est de se reconnecter à l’essentiel. C’est de se rendre compte que tout est simple, voir les enfants sortir et jouer dehors sans contrainte… Je dirais que quand tout est aligné, quand on y croit et qu’on met du cœur et de l’amour dans ce qu’on veut, tout nous réussit ! Malgré le fait que nos choix soient un peu différents et qu’on ait parfois des bâtons dans les roues, on y arrive toujours si on est aligné
Est-ce que parfois vous avez douté ? Qu’est-ce que vous diriez à des personnes qui ont envie de franchir le pas mais qui n’osent pas ?
Jennifer : Ah carrément ! Plein de fois, je pense ! Ça m’arrive encore, d’ailleurs. Je leur diaris qu’on a eu peur aussi, mais que si on y est arrivés, ils peuvent y arriver aussi ! On n’a pas plus de richesses, on n’a pas plus de facilités que les autres. On a commencé à faire une yourte avec seulement 2000€ de côté, c’est tout ce qu’on avait ! Et finalement quand notre famille a vu l’énergie qu’on y mettait, elle a voulu nous aider un peu. Des copains aussi. En fait tout s’aligne quand on est juste au bon endroit au bon moment. Et pourtant, l’année dernière j’ai passé des nuits sans dormir en me disant qu’on allait se faire virer par là municipalité, qu’on n’arriverait pas au terme de notre projet… Mais en fait si, on y arrive, il faut y croire ! Oui vous passerez sûrement par des périodes sombres si vous plaquez tout pour recommencer à zéro, on sort de notre zone de confort. Mais je pense que ça fait partie du jeu et ça nous permet de faire ce bond en avant et après de se dire OK on y est arrivé !
Thomas : Dans notre cas, on a ce sentiment d’être devenus acteurs de nos vies. On va vers l’autonomie, on est un couple heureux de se voir chaque jour et pas seulement pendant nos 5 semaines de congés payés, on voit grandir nos enfants. On entend souvent dire “oui, mais tu te rends compte, moi j’ai ma maison, j’ai mon travail, après je vais me nourrir comment…?” Mais en fait tout est possible !
Merci beaucoup, Jennifer et Thomas, d’avoir répondu à mes questions ! J’espère que ce témoignage vous aura inspiré et vous aura montré qu’un autre mode de vie est possible pour mieux prendre soin de soi des autres et de la planète. Si vivre en yourte est le rêve de quelqu’un dans votre entourage, partagez-lui ce podcast grâce aux boutons à gauche du texte !