Le mois d'or, un post-partum slow

Le mois d’or, un post-partum slow

L’arrivée d’un bébé dans une famille est un véritable tsunami. Pourtant, si la grossesse et l’accouchement font l’objet d’un suivi médical très rapproché, ce n’est plus du tout le cas après le retour à la maison, où, à part les deux visites obligatoires d’une sage-femme, les jeunes parents sont carrément abandonnés. Dans cet article, je vous fais découvrir le mois d’or, une autre façon de vivre son post-partum.

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Dans notre société occidentale, le post-partum est presque un tabou. Je me souviens encore des images de Kate Middleton, à la sortie de la maternité, moins de douze heures après avoir accouché, toute fraîche et pimpante (en apparence, du moins), perchée sur ses talons, comme si elle sortait d’une réunion. Ou encore de Rachida Dati, qui se vantait d’être retournée travailler cinq jours seulement après la naissance de son enfant, comme si de rien n’était.

Mais alors, à côté de ces superwomen, on passe pour quoi, nous, les mamans normales ? Des fainéantes, un peu douillettes ? Il n’y a pourtant rien de honteux à avoir besoin de temps pour se remettre de son accouchement. D’ailleurs, en Chine et dans de nombreuses autres cultures, la tradition veut que la mère soit au repos pendant 40 jours après l’accouchement.

Note : dans cet article, j’emploie le terme “allaiter” aussi bien pour l’allaitement au sein qu’au biberon.

La réalité du post partum : tout n’est pas tout beau tout rose

Tu verras, c’est que du bonheur !“, “Profites-en, ce sont des moments magiques !”… Mine de rien, ces petites phrases distillées par l’entourage font croire aux jeunes parents que tout doit être merveilleux à la naissance d’un enfant, et donc que ce n’est pas normal d’éprouver des difficultés. Que ça doit être de leur faute, qu’ils ne savent pas s’y prendre… Culpabilité, bonjour !

Si l’arrivée d’un enfant est bien un “heureux évènement”, comme on dit, ce n’est pas pour autant tout beau tout rose en permanence. Et ça, on a tendance à l’occulter un peu trop. La réalité du post partum, c’est aussi fondre en larmes parce que la cuisine est un champ de bataille, que vous n’avez pas pu vous doucher depuis deux jours et que votre bébé pleure sans arrêt… le tout avec 4h de sommeil morcelé sur les dernières 24h.

Qu’il s’agisse d’un accouchement par voie basse ou par césarienne, notre corps de femme vient de vivre un évènement d’une puissance inouïe. Oui, il est normal de ressentir des douleurs, parfois très fortes, pendant plusieurs jours : tranchées (surtout à partir du deuxième enfant), cicatrice qui tire suite à une déchirure, une épisiotomie ou une césarienne. Il est normal d’avoir l’impression d’être passée sous un camion ! Bien-sûr, si la douleur est trop forte ou vous semble anormale, il faut en parler sans attendre à une sage-femme. Il peut arriver par exemple qu’un point trop serré fasse souffrir.

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Les débuts de l’allaitement sont parfois chaotiques et peuvent causer des douleurs et du stress, qu’on peut réduire fortement avec un bon accompagnement. N’hésitez pas à faire appel à une consultante en lactation, qui pourra vérifier que la prise du sein est bonne, que le bébé n’a pas de freins restrictifs… Les groupes Facebook d’allaitement et le site de La Leche Ligue sont une mine d’or, accessible 24h/24.

Allaitement

Pour beaucoup de femmes, il est aussi difficile d’accepter que leur corps ne soit pas comme avant. Le ventre est encore bien rebondi, mais vide et mou, les kilos de grossesse sont encore en partie là…

Et puis vers le troisième jour, se produit la fameuse chute des hormones, qui peut être à l’origine de ce qu’on appelle le baby blues. Vous pleurez pour un oui ou pour un non, encore une fois, c’est normal ! Le baby blues concerne 30 à 80% des femmes. Celui-ci doit cependant être de courte durée, quelques jours au maximum. Si le mal-être se prolonge, on parle de dépression post-partum. Il est très important d’en parler rapidement avec votre sage-femme ou un professionnel en qui vous avez confiance pour une bonne prise en charge. 

Après l’accouchement, qui est un exploit physique en soi, s’enchaînent souvent les nuits hachées. La fatigue s’accumule rapidement si on ne peut pas passer le relai pour se reposer.

Et enfin, l’arrivée d’un enfant, qu’il soit le premier ou non, est un énorme bouleversement pour la famille et pour le couple. Les émotions et sentiments contradictoires se bousculent, chacun doit retrouver sa place dans cette nouvelle vie, ce qui peut prendre du temps. Il faut faire en quelque sorte le deuil de la vie d’avant.

Bon, ce n’est pas très réjouissant comme tableau, je vous l’accorde…! Rassurez-vous, en sachant à quoi s’attendre et en le préparant bien, le mois qui suit la naissance peut être très bien vécu et laisser de bons souvenirs !

Le mois d’or, qu’est-ce que c’est ?

Le mois d’or, c’est une façon différente de vivre son postpartum, proche des traditions ancestrales indiennes, chinoises, marocaines, mexicaines…. Quarante jours pour prendre soin de soi et de son bébé, faire connaissance en douceur, dans une sorte de bulle en dehors du temps.

Dans ces cultures traditionnelles, la mère est entourée de toute une communauté qui veille à son bien-être, de façon à ce qu’elle n’ait rien d’autre à faire et à penser que se reposer et créer un lien d’attachement solide avec son bébé.

Le mois d’or en pratique et en version occidentale 

Chez nous, à l’époque de la famille nucléaire, la notion de communauté n’existe plus vraiment. Le couple parental se retrouve malheureusement bien isolé pour vivre un tel chamboulement, surtout si la famille vit loin. Alors, comment faire pour vivre un post-partum doux et slow dans ces conditions ?

Le préparer à l’avance

Il est primordial d’aborder ce sujet en couple, avant la naissance. Les mères sont très peu informées sur le post-partum, mais les pères le sont encore moins ! Parfois, il peut être difficile pour eux de réaliser ce qui se joue dans le corps et la tête d’une femme qui vient de donner la vie. En parler avant, en faisant une sorte de “projet de post-partum”, comme vous feriez un projet de naissance, permet de faire le point sur vos attentes à chacun et de vous assurer d’être sur la même longueur d’onde. Cette période nécessite vraiment d’être soudés.

Les pères ont désormais droit à 28 jours de congé paternité. Ce n’est toujours pas suffisant, mais c’est déjà beaucoup mieux qu’avant, alors autant en profiter ! Et si c’est envisageable, pourquoi ne pas prolonger avec un congé parental d’un mois supplémentaire (éventuellement à temps partiel), ou bien des congés, avec ou sans solde ? Si vous pouvez vous le permettre financièrement, c’est vraiment une question à vous poser ! Ces premiers moments passent vite et ne se rattrapent pas.

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Sur le plan pratico-pratique, tout ce qui peut être fait à l’avance pour vous simplifier la vie est une bonne idée. Par exemple : cuisiner des bons petits plats à mettre au congélateur, faire le plein de courses “non périssables”, être à jour sur les papiers administratifs… Cela permettra aussi de limiter la charge mentale dans cette période sensible.

Bien s'alimenter pendant le mois d'or

Si vous faites une liste de naissance, n’hésitez pas à y intégrer des “bons pour” : une heure de ménage, un bon petit plat maison livré à domicile, une heure de baby-sitting… À ce propos, vous voudrez peut-être lire mon article “Une liste de naissance minimaliste et écologique”.

Comme invitation au repos et au cocooning, pensez à vous préparer un petit coin douillet, dans votre chambre ou au salon, où vous pourrez vous sentir bien : lumière douce, coussins, petite table à proximité pour poser tout ce dont vous aurez besoin… Vous pouvez acheter un petit carnet, qui pourra vous servir à noter vos trop pleins d’émotions, vos moments d’émerveillement ou juste les heures de tétées de votre bébé. Ce sera un joli souvenir à garder !

Enfin, si vous envisagez un post-partum “slow”, je vous invite à prévenir votre entourage, proche et moins proche, et à limiter drastiquement les visites, au moins les deux premières semaines. Il n’y a rien de pire que d’avoir quelqu’un qui sonne à votre porte alors que votre nouveau-né vient enfin de s’endormir et que vous venez tout juste de poser la tête sur votre oreiller pour une petite sieste. 

Bien s’entourer

Autant les visites “juste pour voir la tête du bébé et boire un café” ne sont pas forcément bienvenues les premières semaines, autant les personnes qui vous proposent de venir vous filer un coup de main pour les tâches ménagères ou pour s’occuper de votre bébé le temps que vous puissiez prendre une douche peuvent être accueillies à bras ouverts !

Si vous n’avez pas de proches qui peuvent venir vous prêter main forte, n’hésitez pas à chercher du soutien ailleurs : associations, doula, passage régulier d’une sage-femme… Il est vraiment important de ne pas rester isolés pendant cette période de post-partum. Sachez aussi que la CAF prend en charge une partie des frais d’aide ménagère sur les six mois suivant la naissance.

Se reposer

Dormir, allaiter, manger, dormir, allaiter… Voilà à peu près à quoi devrait ressembler le mois d’or, même si ça peut paraître surréaliste à notre époque où tout va toujours plus vite !

Un nouveau-né peut réclamer à manger toutes les deux heures, voire plus, jour et nuit. Pour tenir, le bon réflexe, c‘est de dormir en même temps que son bébé. Même s’il est 11h du matin ! Et même si l’évier déborde de vaisselle ;).

Lâcher prise sur l’entretien de la maison pendant quelque temps, c’est vraiment primordial (et puisque vous n’aurez que très peu de visite, ça n’a pas d’importance !).

Bien s’alimenter

Ce n’est pas le moment de se mettre au régime pour perdre les kilos de grossesse ! Pendant le mois d’or, optez pour une alimentation saine et équilibrée, pour faire le plein de vitamines et minéraux. Après le marathon de l’accouchement, le corps en a grandement besoin ! 

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Julia Simon, naturopathe, conseille de suivre “la régle des 3R” des aliments réchauffants, réconfortants et revitalisants.

Le repos, la clé du mois d'or

Faire le plein d’ocytocine

L’ocytocine, c’est l’hormone de l’amour et de l’attachement. C’est celle qui nous permet d’accoucher, mais aussi d’allaiter et de lier un lien fort avec notre bébé. Bref, c’est une hormone qui fait du bien au bébé et aux parents (oui, au papa aussi !). La proximité physique avec le bébé, notamment le peau à peau, favorise sa libération.

Chouchouter son périnée

Le quoi ? Le périnée, vous savez, ce truc mystérieux dont on découvre (malheureusement) l’existence quand on devient maman ? Il s’agit d’un ensemble de muscles pelviens qui, entre autres, soutiennent les organes abdominaux.

Voilà les conseils que m’avait donné ma sage-femme à ce propos : “Si possible, reste allongée les dix premiers jours, et ensuite, pose-toi toujours ces questions : Est-ce que je peux faire ça assise ? Et si oui, est-ce que je peux le faire couchée ?

Mais pourquoi donc ?? Je ne suis pas en sucre”, vous allez me dire ! Et bien, en fait, un peu quand même. Le corps a été mis à rude épreuve par la grossesse et l’accouchement. Les organes doivent reprendre leur place doucement, les muscles doivent retrouver leur tonus… et ça ne se fait pas en un jour. Pendant cette période, il est primordial de ne pas forcer sur les abdominaux et le périnée, au risque de se retrouver avec des fuites urinaires ou pire, une descente d’organes.

On évite donc impérativement de porter des charges lourdes, au moins tant qu’on n’a pas fait la rééducation du périnée. Donc pas de bac de linge mouillé à J+5, ni de cosy avec bébé dedans, c’est beaucoup trop pour un périnée fragilisé et des abdos en carton.

Ce qu’on peut faire, par contre :

  • Si possible le jour même de l’accouchement, faire un resserrage du bassin à l’aide d’un tissu ou d’une écharpe de portage non extensible (méthode du “rebozo”)
  • Dès les premiers jours, faire des fausses inspirations abdominales, qui aident à remonter les organes et à soulager le périnée.
  • Porter une ceinture Physiomat, lorsque vous restez debout les premiers temps pour aider à soutenir le périnée
Prendre soin de son périnée pendant le mois d'or

Parler

Encore une fois, il est normal de faire face à des difficultés, de se sentir submergée… Il n’y a aucune honte à cela ! N’hésitez surtout pas à en parler à votre conjoint, une amie, mais aussi à une sage-femme, une doula, ou un médecin en qui vous avez confiance, pour éviter que le baby blues ne se transforme en depression du post-partum.

Profiter

Vivez pleinement toutes les premières fois : premières tétées, premiers sourires aux anges, premier bain, moments de peau à peau… Le mois d’or est une période vraiment spéciale, d’un côté éprouvante mais d’un autre côté merveilleuse. Il passe très vite, d’où l’importance d’être pleinement présent·e à cette parenthèse enchantée, où le monde se met sur pause pour quelques semaines.

Si vous avez eu la chance de vivre un vrai mois d’or, quel souvenir en gardez-vous ?

Pour en savoir plus :

  • Le mois d’or, bien vivre le premier mois après l’accouchement” de Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin
  • Bien vivre le quatrième trimestre au naturel”, de Julia Simon
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